Affaire Mohamed Gabsi : garder notre colère intacte

par | 20 juillet 2025 | Politique locale

Il est des circonstances ou l’abattement, le désespoir, la fatigue face au monde tel qu’il va pourrait conduire à l’épuisement. Cinq ans d’attente pour la famille, les amis, le comité de soutien pour s’entendre dire qu’un seul policier sur les trois qui ont tué Mohamed Gabsi le 08 avril 2020 peut être mis en cause, qui plus est, pour homicide involontaire.

Le rôle d’un juge d’instruction est d’enquêter sur les faits : interroger les témoins, mettre des suspects en examen, organiser des reconstitutions…etc. Nous savions que cette enquête était terminée depuis plus d’un an. Pourquoi attendre aussi longtemps pour renvoyer devant une juridiction ? Comment ne pas soupçonner le fait qu’un si long silence ait pour but d’enterrer une affaire ? Comment accepter sans un doute une décision prise la veille d’un 14 juillet, date où nécessairement moins de journalistes seront à l’affût ?

Après le travail d’enquête, le rôle du juge consiste à qualifier les faits, c’est-à-dire assimiler des faits concrets à une entité abstraite définie par la loi. Qualifier signifie que le juge décide d’une catégorie juridique à laquelle appartient un fait, dans le but de lui associer des conséquences juridiques. Ex : au volant de votre véhicule vous doublez le véhicule qui est devant en franchissant une ligne blanche. La qualification du fait est : le fait de franchir une ligne blanche est une contravention de classe 4. Celle-ci entraîne l’application de règles juridiques particulières : amende forfaitaire de 135€, suspension de 3 ans du permis de conduire.

Qualifier c’est donc opérer des choix car il existe une multitude d’incriminations pour définir une infraction. Le fait de causer la mort d’autrui est-il un meurtre ? Un assassinat ? Un empoisonnement ? Une violence mortelle ? Un homicide non intentionnel ? Il est facile de comprendre que selon la qualification, l’éventail de peines ne sera pas le même.

Et bien dans le cas qui nous concerne, le juge a tranché :un seul des trois policiers qui sont mis en cause sera poursuivi pour violence involontaire ayant entraîné la mort. Quand il s’agit d’une violence involontaire, l’article 221-6 du code pénal prévoit que :

Le fait de causer, dans les conditions et selon les distinctions prévues à l’article 121-3, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement, la mort d’autrui constitue un homicide involontaire puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

En cas de violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement, les peines encourues sont portées à cinq ans d’emprisonnement et à 75 000 euros d’amende.

Et voilà comment une arrestation plus que musclée, des injures racistes proférées, des violences manifestes filmées, le fait de s’être assis sur la nuque de la victime ayant entraîné une rupture de sa trachée, l’ambiance générée par le premier soir d’un couvre-feu où il fallait montrer la fermeté municipale… deviennent une « violence involontaire », par maladresse, inattention, imprudence ou manquement à une obligation de sécurité prévue par la loi ou le règlement.

La qualification entraîne le choix de la juridiction qui se matérialise par une ordonnance de renvoi : Tribunal Correctionnel ou Cour d’Assise. La famille avait de bonnes raisons d’espérer que la Cour d’Assise serait saisie. Dans la mesure où selon le juge, il ne s’agit pas d’un crime, le Tribunal Correctionnel devient compétent. Le policer sera jugé entre une audience pour vol de scooter et une autre pour détention de cannabis.

Il est donc tout à fait logique que les parties civiles ait interjeté appel face à cette ordonnance de renvoi qui présente de trop nombreux indices de volonté de minimiser l’affaire. Il paraît difficile de considérer que la responsabilité d’un seul policier soit engagée comme il est difficile de comprendre que les violences aient été involontaires. Et voilà la procédure relancée pour encore de trop longs mois.

Selon que vous serez puissants ou misérables…

Certes Mohamed Gabsi avait des traces de cocaïne dans le sang, oui il avait consommé de l’alcool. Mohamed Gabsi était bien connu des services de police (circonstance atténuante ou circonstance aggravante?). Sa schizophrénie était diagnostiquée.

Alors oui la vie d’un arabe malade mental qui se drogue vaudra toujours moins que la réhabilitation d’un policier raciste et violent. Dis-moi comment tu traites les plus vulnérables d’entre les tiens et je te dirai qui tu es.

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