La basse plaine de l’Orb s’étend aux portes de Béziers sur les communes de Sérignan, Valras, Sauvian, Villeneuve-lès-Béziers, Cers et Portiragnes. Elle regroupe 2800 hectares de terres agricoles en grand danger à cause de la salinisation des sols.

« Avant, il y avait ici du blé, du colza, du maïs, de la tomate de conserve. L’an dernier, il y avait encore des blés durs, là rien. On passe le broyeur, on laisse propre ». Le constat du vice-président de l’association intercommunale de protection et de préservation de la basse plaine de l’Orb est amer dans le Midi Libre du 5 mars 2024.

Il vaut pour les 85 hectares qu’il possède et pour les 2800 hectares de terres agricoles de l’embouchure de l’Orb, où 300 exploitations sont installées.

Ce qu’oublie de dire le vice-président, c’est que ces terres ont été gagnées sur des prés salés au prix d’une gabegie écologique qui consistait à les inonder régulièrement.

Rincer la terre a permis pendant des années de cultiver des cultures qui sont tout sauf endogènes. 

Revers de la médaille, cette méthode productiviste a littéralement vidé les nappes phréatiques et favorisé les remontées salines

La salinisation des sols est un phénomène naturel qui progresse via le fleuve et les nappes phréatiques en période de sécheresse. Cette salinisation tue, à terme, la plupart des cultures plantées en surface.

Pendant très longtemps cette salinisation naturelle a été entravée par l’inondation des terres. Cette inondation était soit mécanique, soit naturelle via les crues de l’Orb.

C’est cette inondation forcée qui a permis à ces terres de produire du blé, du colza, du maïs, des tomates. Sans cette inondation forcée ces terres redeviennent des prés salés, ce qu’elles étaient au 19e siècle.

Jusqu’en 2012 les agriculteurs installaient des systèmes d’irrigation par pivot pour continuer à faire du maïs.

Ils situent l’effondrement de ce type de culture à partir des années 2019 / 2020 avec les premières remontées massives de sel en surface.

En 2023, certaines récoltes ont été entièrement perdues, d’autres totalement amoindries.

Aujourd’hui, malgré l’apport de matière organique et de calcaire broyé pour combattre le sodium, la mise en culture est totalement aléatoire.

Les agriculteurs savent que pour revenir à la situation antérieure il faudrait faire baisser l’eau de mer et noyer les terres ce qui est impossible financièrement et techniquement.

Dans des conditions dramatiques, 300 exploitations agricoles qui représentent 1500 emplois directs et indirects sont confrontées au point de non-retour de la salinisation des terres.

 

« Les écologistes de merde » comme dit élégamment le maire de Béziers annoncent le point de non-retour actuel depuis des années. Ils ont malheureusement pronostiqué la catastrophe.

Maintenant que le changement climatique est irréversible il reste à lister les quelques cultures de substitution où d’élevage encore possible et quels accompagnements à la conversion peuvent être mis en place.

Le pire serait de croire ou de faire croire qu’on peut revenir en arrière pour continuer à produire du maïs, du blé ou du colza.