Une troisième candidature est annoncée en dehors du bloc droite-extrême / extrême droite aux prochaines élections municipales à Béziers, celle de Thierry Mathieu. Mathieu ne fait pas mystère de ses objectifs, il souhaite porter une candidature « centriste ».
Mathieu a décidé de sortir de la CAF pour briguer le poste de maire, c’est tout sauf une surprise, c’est même une continuité.
Lors des précédentes élections municipales biterroises, Mathieu avait hésité entre partir avec une partie du PS local, partir seul ou partir avec Macron.
Le soutien de Macron étant dévolu au candidat Resplandy, la candidature Mathieu avait avorté.
Cette recherche d’un espace central qui serait adoubé par une partie de la macronie, du PS et des partisans locaux est pour lui toujours d’actualité.
Bis repetita et échec assuré une nouvelle fois ? Pas forcément parce qu’entre temps l’électron libre Mathieu s’est greffé à la majorité régionale de Carole Delga, majorité où siègent aussi PS, PC et Verts.
Pour mémoire PS, PC et Verts viennent de constituer un regroupement électoral local nommé « le printemps biterrois ». Mathieu en candidatant en solo se démarque donc de ce regroupement électoral pour jouer sa propre partition.
Le « printemps biterrois » se retrouve donc avec une patate chaude à gérer, la candidature d’un camarade à Toulouse et d’un concurrent à Béziers.
Dans la première partie de ce jeu d’échecs, Mathieu en s’affirmant comme leader autoproclamé prend un coup d’avance sur un regroupement qui, lui, n’a pas encore désigné de tête de liste.
L’enjeu pour Mathieu est limpide exister au centre là où il pense que l’élection va se jouer.
Son slogan de début de campagne résume à lui seul cette stratégie : « Je ne fais pas de l’anti Ménard, je fais de l’après Ménard ».
En clair et en décodé, je ne mènerai pas une campagne virulente, mais consensuelle.
Cette stratégie fait l’impasse sur « l’overdose » que représentent pour une partie de la population les 2 mandatures Ménard. Elle ne tient pas compte de l’énorme absentéisme qui à chaque fois a permis l’élection du maire actuel.
Pour faire de l’après-Ménard il faut déjà battre Ménard et ce n’est pas une candidature personnelle qui le permettra.
À l’inverse, seule une candidature unitaire peut permettre de battre le maire actuel. Cette candidature doit bien sûr être articulée autour d’un programme de rupture, mais à l’échelon municipal le problème n’est pas là.
Le problème de l’unité à Béziers c’est qui dirige la liste.
Ce problème est vieux comme la vie politique biterroise. Il a toujours été fait de coup de Jarnac et de couteaux plantés dans le dos.
Ce que souhaite aujourd’hui Mathieu, c’est que presque toutes les composantes locales s’alignent sur son nom. C’est un vœux pieux impossible à réaliser.
De la même manière, les camarades toulousains de Mathieu ne veulent pas qu’il dirige un regroupement local, ce qui est inaudible. Comment justifient-ils d’être alliés à Toulouse et concurrents voire adversaire à Béziers ?
Pour éviter la multiplication des listes comme la multiplication des pains, pour espérer gagner, il faut inventer (rapidement) une méthode.
La seule méthode opérationnelle est celle de la démocratie :
- Déterminer les bases essentielles d’un programme partagé de rupture,
- Déterminer un mode d’élection partagé de la tête de liste.
C’est sur cette base qu’une réelle alternative peut exister à Béziers. Cette méthode doit être proposée tant à LFI qu’à Mathieu par le « printemps biterrois » qui est à ce jour le seul embryon d’unité et qui a de ce fait une responsabilité dans la dynamique à enclencher.
Si cette méthode n’est pas appliquée, les forces progressistes biterroises se condamnent à faire de la figuration et à ne pas être à la hauteur de l’enjeu et des attentes.
Elles offriront de plus un véritable boulevard à la droite extrême et à l’extrême droite.