Le dernier rapport de la fondation Abbé Pierre est sans appel : plus de 4 millions de personnes sont non ou mal logées.

Jeunes entravés dans leur accès à l’autonomie, quartiers populaires enlisés, ménages touchés par la hausse des loyers et des prix de l’énergie, service d’accompagnement social engorgés… la crise du logement continue de fracturer en profondeur notre société.

1 million de  personnes ne disposent pas d’un vrai logement personnel, sont sans domicile fixe, vivent dans des habitations de fortune, sont hébergées chez des tiers ou sont en chambres d'hôtel.

Plus de 2 millions habitent des logements sans confort (pas d'eau courante, toilettes communes sur le palier, moyen de chauffage très dégradé...).

Vive la France ! la patrie des milliardaires et 5ème puissance économique

Le rapport souligne par ailleurs :

  • le doublement depuis 2012, du nombre de personnes sans domicile qui sont aujourd’hui 300 000 ;
  • l’engorgement des hébergements d’urgence (début décembre 2021, près de 4 000 personnes ont appelé en vain le 115 faute de places d'hébergement d'urgence disponibles) ;
  • l'augmentation du nombre des expulsions (12 000 en 2021 contre 8 200 en 2020).

Evidemment c'est d'abord la conséquence d'une intensification de la pauvreté et les effets durables de la crise sanitaire sur les conditions de logement et l'accès au logement. On assiste à la précarisation de couches entière de la population, avec des conséquences visibles sur le mal-logement.

Entre 2017 et 2020, par exemple, le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté a augmenté de 300 000 selon ce même rapport. Les 5% les plus pauvres ont même perdu jusqu'à 0,5% de leur pouvoir d’achat pendant que les plus fortunés multipliaient leur fortune par 2, 3,4 ou 5.

Mais c'est aussi la dégradation de la situation du logement social car outre la pénurie d’hébergements d’urgence, le rapport constate que la France manque de logements sociaux et on assiste à une  chute de la construction. La France est ainsi passée de 437 000 mises en chantier en 2017 avant de chuter à 350 000 en 2020.

Du coup, on assiste à une réduction de l’offre de logements sociaux mais également demande de logement social qui a progressé deux fois plus vite que le nombre de logements sociaux.

Le ver est dans le fruit et c'était donc une crise programmée et annoncée

Dans le même temps, les aides au logement ont globalement diminué depuis dix ans. Les aides publiques au logement représentent 1,6% du produit intérieur brut en 2020. Par exemple, l’aide personnalisée au logement a été réduite de 5 euros par mois et par ménage en 2017. On s'en souvient !

Le rapport note également que 12 millions de personnes vivent en précarité énergétique. La Fondation estime que la rénovation des 5 millions de logements "passoires énergétiques" doit faire l’objet d’une priorité nationale.

Alors qu'on m'explique !

Le logement social est financé par le livret A, placement favori des épargnants français. Ces placements n'ont jamais été aussi importants. Il faut donc en conclure que ce n'est pas l'argent qui manque pour lancer des programmes de construction. Ils devraient même être en constante augmentation compte tenu de la demande. Manque de projets ou bien cet argent finance de moins en moins le logement social pour financer d'autres types de projets à la demande des collectivités territoriales ? Ce serait donc une volonté politique ?

Mais alors on est loin des promesses d’un « choc de l’offre » de logements promise par Macron et d’un accès important au « Logement d’abord ».

Dans un contexte de choix budgétaires et fiscaux profondément inégalitaires entérinés dès 2017, le logement a été le parent pauvre du premier quinquennat et forcément les plus pauvres restent les oubliés de ce gouvernement.

La crise du logement accentue  les fractures sociales dans notre société et le logement digne, de qualité, accessible à toutes et tous, est encore une promesse à tenir.

 

 

 

 

 

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