La reconquête franquiste (3) : l’aspect patronal

par | 18 février 2023 | Société

« L’heure est venue pour la société espagnole de choisir entre Jésus et Barabbas »

José Maria Pemàn ‘’El hecho y la idea de la union patriotica’’ Madrid 1929

Le 18 juillet 1936, apprenant qu’un soulèvement militaire éclate au Maroc, un aristocrate fait mettre en rang les ouvriers agricoles de sa propriété située au sud-ouest de Salamanque. Il fusille six d’entre eux en guise de leçon pour les autres.

L’aristocrate en question, le comte Alba de Yeltes, Gonzalo de Aguilera y Munro revendique son crime publiquement auprès des services de presse étrangers.

La violence froidement calculée d’Aguilera y Munro renvoie à la conviction, courante parmi la classe possédante rurale, que les paysans sans terre sont des sous-hommes.

Cette attitude est devenue commune parmi les grands propriétaires terriens depuis que les journaliers affamés se sont soulevés en une série de rébellions sporadiques dans les régions d’Espagne dominées par les immenses domaines appelés « latifundios ».

Entre 1918 et 1921, cette époque d’âpres conflits sociaux est surnommée par la suite « el trieno bolchevique » (les 3 années bolcheviques). Ces insurrections paysannes ont été écrasées par les défenseurs traditionnels de l’oligarchie rurale : la garde civile et l’armée.

L’oligarchie agraire, dans un rapport inégal avec la bourgeoisie industrielle et financière, est traditionnellement la force dominante du capitalisme espagnol.

Au cours d’un processus d’industrialisation douloureux et irrégulier, son monopole du pouvoir commence seulement à être contesté par les autres branches du capitalisme.

La prospérité dont jouit l’Espagne, neutre pendant la Première Guerre mondiale, enhardit les industriels et les banquiers, qui aspirent à un rôle politique au même titre que les grands propriétaires terriens. Cependant, confrontés à un prolétariat militant, ils renouent une alliance défensive avec les latifundistes.

Dans l’atmosphère d’incertitude et d’angoisse qui s’ensuit, un auditoire bourgeois est prêt à recevoir le message disséminé depuis longtemps par les catholiques d’extrême droite : une alliance secrète réunissant les juifs, les francs-maçons et l’Internationale communiste veut la destruction de l’Europe chrétienne, avec l’Espagne comme principale cible.

Les craintes de l’élite s’apaisent quelque peu en septembre 1923, quand l’armée intervient à nouveau et que le général Miguel Primo de Rivera établit une dictature.

Néanmoins, ses idéologues se donnent beaucoup de mal pour imposer l’idée qu’un combat à mort oppose en Espagne deux groupes sociaux, politiques et surtout moraux.

Fondamentalement, ces théories privent l’ensemble de la gauche de toute légitimité. Des démocrates libéraux bourgeois jusqu’aux anarchistes. Elles brouillent les distinctions entre eux et nient leur droit à être considérés comme espagnols.

Une accélération notable se produit au printemps 1931. À droite, beaucoup voient dans la République la preuve que l’Espagne est le second front de la révolution mondiale.

Entre 1931 et 1936, plusieurs facteurs liés vont offrir aux militaires une justification globale pour recourir à la violence contre la gauche.

Le premier est la tentative de la République d’entraver le pouvoir de l’église catholique.

Le second est la propagation extrêmement réussie de théories selon lesquelles les gens de gauche et les libéraux, ni réellement espagnols, ni même réellement humains, doivent être exterminés en tant que menace pour l’existence de la nation.

La troisième qui fomente et alimente la violence est la réaction des propriétaires fonciers aux différentes tentatives de réformes agraires.

Pour réaliser ce travail de mémoire sur la réalité de la reconquête franquiste, je vous propose des extraits de lecture de l’excellent livre de Paul Preston « Une guerre d’extermination, Espagne 1936-1945 » paru en livre de poche aux éditions Texto en 2019.

Ces extraits seront mis en ligne en exclusivité sur le site d’EVAB chaque semaine, le lundi

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