Gaza : la stratégie du départ forcé

par | 6 juillet 2025 | Politique locale

Depuis 90 ans Israël expérimente la stratégie du départ forcé des Palestiniens de leur terre ancestrale. C’est un des aspects de cette stratégie qui était racontée jeudi 3 juillet à la colonie espagnole de Béziers lors d’une conférence organisée par LFI.

La rencontre commence par un exposé d’Anne Marie Marteil Oudrer, médecin à Montpellier, membre d’une organisation internationale médicale de soutien à la Palestine.

Fin décembre 2024, le docteur Hussam Abu Safiya est arrêté dans un hôpital de Gaza, il est depuis incarcéré en Cisjordanie.

Son seul tort est d’avoir voulu soigner les Palestiniens de Gaza dans l’hôpital dont il était devenu le directeur. Le précédent directeur ayant été incarcéré.

Le docteur Safiya est un pédiatre de 51 ans issu d’une famille gazaouie qui avait été elle-même expulsée de son village d’origine ( un ancien territoire palestinien ), aujourd’hui situé dans l’actuel Israël.

Historique : il fait ses études de médecine au Kazakhstan, loin de son pays d’origine et devient chef de service pédiatrique.

L’hôpital est très vite assiégé pendant la guerre en cours et accusé, comme tous les autres hôpitaux d’abriter des soldats du Hamas.

Safiya est arrêté une première fois. L’armée israélienne lui reproche sans preuve d’être un combattant illégal, ce dont il se défend.

Son fils de 15 ans est tué par un drone à l’entrée de l’hôpital.

Libéré, Safiya commente – en plus de son activité de médecin – la vie à Gaza sur son compte Instagram.

Il est classifié comme opposant. Les Israéliens lui proposent de quitter Gaza et de s’expatrier.

Il refuse et maintient son activité de médecin dans un hôpital assiégé.

Au mois de décembre 2024, il dénonce les attentats commis contre l’hôpital en activité. Les Israéliens l’arrêtent.

Ils ne reconnaissent pas son incarcération et le torturent.

Il n’est pas jugé, il est détenu illégalement au seul titre d’être un combattant illégal.

En février dernier il a été vu pour la dernière fois. On ne sait pas s’il est toujours en vie et l’on ne sait toujours pas ce que l’armée lui reproche.

Hussam Abu Safiya est un symbole pour les Palestiniens. Son intransigeance, sa persévérance à exercer son métier de médecin dans des conditions effroyables a fait de lui un exemple.

Sa résistance permet de parler des 10 000 Palestiniens actuellement emprisonnés.

Sa situation actuelle fait craindre le pire, un autre chirurgien est mort en détention sous la torture.

Le docteur Khaled Denboutrif médecin-urgentiste toulousain prend le relais et raconte son expérience récente dans une ONG à Gaza.

Le docteur Denboutrif s’est rendu rend début 2024 à Gaza, il a constaté la destruction quasi complète de Gaza. L’Hôpital où il travaillait à Gaza Nord abritait 900 personnes.

Tous les hôpitaux ont été ciblés par les Israéliens quand il s’est avéré qu’ils étaient des lieux de résistance passive à l’occupation et à l’expropriation.

Aujourd’hui, ils sont tous détruits partiellement ou totalement, la plupart des soins se pratiquent sous des tentes sans condition d’hygiène.

Il retourne sur les lieux quelques mois plus tard en juillet 2024, c’est là qu’il rencontre le docteur Safiya. Ils exerçaient dans le même hôpital et étaient voisins de palier.

L’hôpital où ils travaillaient est actuellement totalement détruit, l’hôpital de remplacement est attaqué.

Les médecins et soignants vivent 24 heures sur 24 sur leur lieu de travail ils ne s’arrêtent que pour se reposer et manger quand ils le peuvent.

La famine et le blocus sont organisés pour faire fuir la population palestinienne qui est déplacée en permanence dans la bande de Gaza.

Aujourd’hui 90 % des infrastructures sont totalement détruites, l’effondrement des activités humanitaires est imminent.

Une épidémie de méningite se propage actuellement, les enfants sont particulièrement touchés.

C’est dans ce terrible contexte que Trump propose que Gaza soit vidée de ses habitants et qu’ils partent dans des pays arabes pour créer une nouvelle diaspora.

Ceci est la version accélérée ce qui est pratiqué depuis 90 ans : pousser les Palestiniens à l’exode via la guerre, la famine, l’expropriation, l’expulsion, les crimes et les meurtres.

C’est bel et bien une stratégie, une stratégie de nettoyage ethnique. Entre 1947 et 1949, plus de 400 villages palestiniens avaient été délibérément détruits, des civils avaient été massacrés et près d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants chassés de chez eux sous la menace des armes. Ce nettoyage ethnique a été passé sous silence et peine encore à être considéré dans sa pleine mesure.

J’y reviendrai à la rentrée en commentant le livre de l’historien israélien Ilan Pappée « le nettoyage ethnique de la Palestine » paru aux éditions « La Fabrique » en 2024 et vendu 20 euros.    

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jeudi 17 juillet 2025, 15:30

Didier Ribo

Description de l'auteur de l'article - co-fondateur du journal majoritaire de Béziers