J’ai lu récemment que l’avantage des éoliennes c’est qu’elles sont réversibles. Au bout de vingt ans on démonte tout et c’est fini sauf si on prolonge de vingt ans de plus avec des machines plus grandes mais là n’est pas la question.
Moi ça me rassure. Ça fait cinq ans que j’ai cinq éoliennes devant chez moi. La première est à un peu plus de cinq cent mètres et les autres tous les cent mètres.
C’est vrai que le bruit petit à petit on s’habitue. C’est un peu comme s’il y avait une autoroute de l’autre côté de la colline.
Mais le problème c’est la nuit, les lumières qui clignotent. Tu ne peux pas dormir avec les volets ouverts. Si ça doit durer quinze ans de plus, pourquoi pas, si on fournit de l’électricité pour les grandes villes qui en ont besoin. Quand on laisse l’éclairage public allumé toute la nuit sur des quatre voies, il en faut de l’électricité. C’est un problème de sécurité.
Les urbains, ils ont peur en ville, alors que tout est éclairé ; ici dans le hameau il n’y a pas d’éclairage public, il fait nuit noire et on n’a même pas peur.
Par contre mon chien il est content. Tous les matins je vais me balader aux pieds des éoliennes, et là il se régale, j’ai plus besoin de lui acheter des croquettes, le garde-manger il est là : chauves-souris, pinsons, petits rapaces, il y en a trop pour lui.
Mais il n’est pas seul, les prédateurs sont là. Ce qui me fait rigoler c’est quand je vois les types, payés par le promoteur, chargés des suivis de mortalité (c’est obligatoire il parait) qui se pointent à midi pour comptabiliser les cadavres. Le ménage a déjà été fait.
Un gars m’a dit que ces relevés servaient pour les statistiques sur la mortalité de la faune aviaire (c’est comme ça qu’on dit) causée par les éoliennes, en particulier pour les espèces protégées. Je me demande qu’est-ce qu’ils en font de ces statistiques.
Remarquez j’ai pas à me plaindre. Mon cousin habite dans les Corbières. Il se foutait de ma gueule avec mes éoliennes à cinq cent mètres de chez moi. Son voisin vigneron a été approché par un opérateur qui lui a proposé de lui acheter vingt hectares de vignes à 15 000 euros l’hectare, plus cher que le prix en appellation d’origine protégée, alors qu’il est en vin de pays.
Comme il est proche de la retraite le calcul a été vite fait. C’est sûr qu’il y avait un jeune qui voulait s’agrandir qui a un peu râlé. Mais il ne pouvait pas suivre à ce prix.
Maintenant mon cousin quand il va promener son chien c’est entre deux champs noirs de panneaux photovoltaïques. Mais comme il dit « ça durera pas toujours ».
Vingt ans qu’est-ce que c’est vingt ans ? Quand on aime on a toujours vingt ans !
Légende photo : Vivre à la campagne !