« Le problème est simple. La nation italienne est comme une grande famille. Les caisses sont vides. Qui doit les remplir ? Nous, peut-être ? Nous qui ne possédons pas de maisons, d’automobiles, de banques, de mines, de terres, d’usines, d’argent ? Ceux qui le peuvent doivent payer. Ceux qui le peuvent doivent ouvrir leur bourse . . . De deux choses l’une : soit les heureux possédants s’exproprient eux-mêmes, et dans ce cas il n’y aura pas de crise violente, car nous sommes les premiers à détester la violence entre gens de même race vivant sous le même ciel ; soit ils seront aveugles, sourds, avares, cyniques, et dans ce cas nous conduirons les masses des combattants vers ces obstacles et les renverserons. L’heure des sacrifices pour tous est venue. Que ceux qui n’ont pas donné leur sang donnent leur argent ».   

Benito Mussolini, Milan le 9 juin 1919. Discours dans les écoles du corso di Porta Romana sur les émeutes populaires contre la vie chère.

Le programme politique des Faisceaux de combat est publié dans le ‘’Popolo d’Italia’’ du 6 juin, quatre mois après la réunion de la piazza San Sepolcro, au terme de mille discussions et ajustements. Il est placardé en pleine page, sur six colonnes, en majuscules.

Si l’on excepte la révolution, il est presque identique à celui des socialistes révolutionnaires, plus à gauche que celui des réformistes. Un programme conçu par des transfuges du socialisme pour attirer leurs anciens camarades.

Le programme des Faisceaux de combat dit :

  • Pour le problème politique, nous voulons : une politique extérieure insoumise, la réforme de la loi électorale, l’abolition du Sénat.
  • Pour le problème social, nous voulons : la journée de travail de 8 heures, des minima salariaux, des représentations syndicales dans les conseils d’administration, la gestion ouvrière des industries, une assurance sur l’invalidité et la retraite, la distribution des terres en jachères aux paysans, une réforme efficace de la bureaucratie, une école laïque financée par l’état.
  • Pour le problème financier nous voulons : un impôt extraordinaire sur le capital à caractère progressif, l’expropriation partielle de toutes les richesses, la confiscation à hauteur de 85 % des profits de guerre, la confiscation de tous les biens des congrégations religieuses.
  • Pour le problème militaire nos voulons : une nation armée.

Des soulèvements populaires contre la cherté de la vie ont éclaté depuis le début du mois de juin dans tout le nord de l’Italie. L’inflation est vertigineuse.

Mussolini dans son journal ‘’Popolo d’Italia’’ écrit « que les riches paient ! ». Il se livre à la démagogie, évoque une « sacro-sainte vengeance populaire », s’unit au peuple « dressé contre les affameurs ».

À la question qui sont les fascistes ? que sont-ils ? Benito Mussolini répond dans son journal :

  • « Les fascistes sont un antiparti ! ils font de l’antipolitique ! »,
  • « Les fascistes n’ont pas l’intention de réécrire le livre de la réalité. Ils suscitent des haines, ils exaspèrent les sentiments ».

Il n’y a plus de gauche ni de droite. En suscitant des haines de faction, en exaspérant les sentiments, il convient d’alimenter les états d’âme qui affleurent dans ce crépuscule de la guerre. Rien de plus.

 

( Extraits de lecture du livre d’Antonio Scurati « M l’enfant du siècle » éditions Les Arènes ).

 

Chaque mardi en exclusivité sur EVAB, vous avez rendez-vous avec la série ‘’M’’ qui va vous faire revivre les évènements qui ont fondé le fascisme en Italie, le siècle dernier

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies nous permettant par exemple de réaliser des statistiques de visites.