L’or et l’arsenic (6) Salsigne, mémoire de l’après mine

par | 29 juin 2025 | Écologie

La mine de Salsigne dans l’Aude a été exploitée pendant plus de 100 ans. Cette durée et ce recul prouvent qu’il n’y a pas de mines propres et d’extractivisme heureux. Cette leçon est toujours valable pour le permis de recherche de lithium dans 22 communes situées entre Bédarieux et Lodève, comme dans toutes les mines du monde.

La richesse et le poison se sont conjugués dans la mine d’une vallée de l’Aude à Salsigne. Pendant près de 3 ans, Nicolas Rouillé a collecté la parole des mineurs et des habitants. Il l’a retranscrite dans un livre coup de poing qui évoque la richesse de la mémoire ouvrière et le poison de la pollution industrielle. . .

Salsigne (6) : mémoire de l’après mine

  • « À Salsigne, à la fermeture en 2004, les travaux de réhabilitations ont été faits très rapidement. Il y avait une pression de la population, il fallait faire quelque chose, mais ce qui a été fait dans les années 2005-2007, je ne pense pas que ça a été fait de façon optimale. La connaissance n’était pas suffisante. »
  • « Dans la presse, on était le site le plus pollué de France, il fallait montrer qu’ils faisaient quelque chose. C’était de la com. »
  • « Exploiter une mine, d’une certaine manière, c’est une opération de gestion de déchets, parce que le métal contenu dans le minerai c’est souvent moins de 1% du volume total. On gère infiniment plus de déchets miniers que de métal, c’est un peu le talon d’Achille de cette industrie. »
  • « Il faut bien faire la distinction entre deux types de déchets miniers : les stériles et les résidus. Vous avez deux types de stériles : les matériaux qu’il a fallu dégager pour arriver au gisement, et les stériles dits d’exploitation qui n’ont pas des teneurs suffisantes pour pouvoir être exploités économiquement. Attention, il ne faudrait pas imaginer que ça veut dire stérile au niveau environnemental. »
  • « Vous avez ensuite les résidus miniers, qui sont les rejets du processus de broyage et de traitement avec des additifs du minerai. C’est un réel problème parce qu’ils sont particulièrement concentrés. »
  • « Les déchets de l’Artus, c’est 10,5 millions de tonnes à 5% de toxiques, ce qui fait quand même 500 000 tonnes d’arsenic, de cyanure libre, d’isocyanates, de thiocyanates, de nitrate de plomb. . . À une époque, l’antimoine se vendait, mais sur la fin ça ne se vendait plus. Donc l’antimoine est là, le manganèse est là, le cadmium est là. Les déchets de Montredon, ça fait 2,5 millions de tonnes mais là c’est du 20 % de toxiques, soit 500 000 tonnes. Donc on a 1 million de tonnes de toxiques en tout. »
  • « À Montredon, il y a une membrane à la base, pour que ce qu’on y met ne s’infiltre pas, alors que pour l’Artus les produits sont déposés à même le sol. »
  • « L’Artus, ils l’ont mis sur quoi ? Sur une source ! Et là il n’y a aucune étanchéité. »
  • « On est dans des secteurs où on a des quantités d’eau extraordinaires avec les orages cévenols. Automatiquement on a des glissements de terrain. Ils ont fait l’étanchéité du sommet. Maintenant ils ont mis des drains pour enlever l’eau et l’envoyer en bas, mais la station d’épuration ne capte pas tous les produits, il y a plein de merdes qui vont dans l’Orbiel à travers la lagune d’infiltration. »
  • « Ce sont des lieux où on a stocké des quantités énormes de produits d’une dangerosité extrême, et surtout, le tour de force extraordinaire, c’est qu’on a tout mélangé. Quand les produits sont stockés de façon identifiée et répertoriée, chacun dans une alvéole, on peut les reprendre pour faire des choses dont on aura peut-être besoin demain. Mais dans la mesure où on a tout mis ensemble, c’est impossible. »
  • « J’avais pas réalisé que les collines que je voyais sont complètement artificielles. Si on te le dit pas, tu peux pas le savoir. La pollution ne se voit pas, on croit vraiment que c’est préservé. »
  • « On a géré l’après-mine comme un pays colonisé, on a traité ce territoire de la même façon. Il y a eu de l’argent, mais il a été transféré ailleurs, et nous on nous a laissé la merde, entre guillemets. La merde, c’est toujours l’autochtone qui en bénéficie. »

Ce texte est composé d’extraits de paroles recueillies par Nicolas Rouillé dans son livre « L’or et l’arsenic », édité aux éditons Anacharsis dans la collection « les ethnographiques », il est paru en février 2024. Je vous en recommande vivement l’achat et la lecture.

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Didier Ribo

Description de l'auteur de l'article - co-fondateur du journal majoritaire de Béziers