Le 5 juin 1956, voilà exactement 67 ans, la Cour de l'Alabama condamne la ségrégation raciale.A Montgomery, dans l'État de l'Alabama aux États-Unis, le 1er décembre 1955, Rosa Parks, une femme noire de 42 ans, prend place dans un bus pour rentrer chez elle après son travail. 

Alors que des passagers blancs montent dans l'autocar, elle refuse de leur céder son siège pour aller s'asseoir au fond du bus, à l'endroit réservé aux Noirs, comme le veut la loi. Elle est immédiatement arrêtée.

Il faut dire que jusque dans les années 1960, l’Alabama pratique rigoureusement la ségrégation raciale et applique les codes de lois ségrégationnistes établies par les États du Sud peu de temps après l’abolition de l’esclavage en 1865. Au racisme légal s’ajoutent les exactions d’organisations suprémacistes blanches, celles du Ku Klux Klan et même de la police.

Rosa Parks n'est pas la première personne qui refuse de se conformer à la politique du (séparés mais égaux) en vigueur depuis 1896, mais son emprisonnement qui commence le 5 décembre, à la suite d'un procès très médiatisé, va provoquer la colère de la communauté noire.

Cette population, qui représente plus de 75% de la clientèle de la compagnie de bus, décide, sous l'influence d'un jeune pasteur noir de 26 ans encore inconnu,  Martin Luther King de boycotter les transports publics.

Ed Nixon, responsable du bureau local de la NAACP (l'association nationale pour la promotion des gens de couleur), où Rosa Parks travaille comme secrétaire, prend contact avec l'avocat Clifford Durr. Ils font libérer la jeune femme qui accepte de devenir le symbole du  MIA, un collectif créé à cette occasion sous l'influence de Martin Luther King. Se basant sur l'arrêt de la cour suprême  de 1948, qui avait condamné la ségrégation dans les bus inter-États, ils tentent de rallier à leur cause le maire de Montgomery, William Gayle, qui refuse.

Au début de l'année 1956, le boycott s'intensifie et la compagnie de bus doit se résoudre à garder au dépôt un grand nombre de ses véhicules. En parallèle, la communauté noire fait appel à des taxis pratiquant le même prix que les transports publics. Le maire de la ville durcit la répression, Martin Luther King est lui-même condamné, alors même que douze villes du Sud des États-Unis mettent un terme à la ségrégation dans les bus.

Entre temps, Fred Gray, avocat noir, proche de Parks et de King, décide de se saisir de la situation pour faire cesser cette politique discriminatoire et s'adresse à la Justice fédérale.

En mai, la justice fédérale de l'État entend l'affaire « Browder contre Gayle », du nom d'Aurelia  Browder, une des plaignantes principales se présentant contre William Gayle, le maire de Montgomery. Gray plaide pour la fin de la ségrégation en se basant sur un arrêt de 1954, qui avait mis fin à de telles pratiques dans les écoles publiques.

Le 5 juin 1956, la Cour fédérale déclare la discrimination dans les bus inconstitutionnelle, mais la ville tente de faire appel et pendant ce temps le boycott continue.

L'affaire est finalement portée devant la Cour suprême américaine qui confirme le 13 novembre le jugement fédéral. Il faudra attendre le 17 décembre, date à laquelle la Cour rejette l'appel de la ville pour que la communauté noire mette fin, une fois le document en main le 20 décembre 1956, à 381 jours de boycott.

L'année 1956 et Rosa Parks, décédée en 2005, sont indissociables de la longue histoire de la déségrégation raciale aux États-Unis. Symbole de la lutte pour l’égalité des Noirs américains, surnommée la « mère du mouvement pour les droits civiques », Rosa Parks est bien davantage qu’une couturière noire fatiguée qui aurait refusé de céder sa place à un Blanc dans un bus d’Alabama en 1955. Elle a été une militante, avec son mari, très tôt engagée contre la ségrégation et pour la défense des droits civiques pour les noirs. Elle  rejoint officiellement « l'association nationale pour la promotion des gens de couleur » dès 1943 et devient secrétaire de la branche locale. Elle participe à des campagnes pour l’inscription des Noirs sur les listes électorales.

Elle est en particulier chargée de recenser et de publier les cas de violences ou d’abus contre les Noirs, en vue de possibles actions judiciaires. Elle enquête par exemple sur le viol d’une femme noire par six Blancs à Abbeville en 1944. En 1949, elle contribue à fonder la branche jeunesse de la NAACP.

Pendant cette période, le ménage Parks subsiste difficilement. Rosa est cantonnée à des emplois d’aide-soignante, de blanchisseuse ou de couturière. En 1955, quand éclate l’affaire du bus de Montgomery, Raymond est coiffeur dans la base de l’armée de l’air de Maxwell, où Rosa a occasionnellement travaillé et où, en vertu de la loi fédérale, la ségrégation ne s’applique pas.

Après l'affaire et ses remous juridiques, Rosa Parks sera licenciée du magasin où elle était couturière et son mari Raymond doit quitter son emploi à la base de Maxwell. Le couple se retrouve sans autres ressources que les secours du collectif  MIA.

Fatigué, appauvri, frappé par la maladie, Rosa Parks et son mari se décident, en 1957, à déménager à Detroit, où habite le frère de Rosa. Elle continue cependant à militer et participe aux grandes marches des droits civiques en 1963 et en 1965.

Pour le collectif MIA et l'association nationale pour la promotion des gens de couleur, la NAACP, elle parcourt les États-Unis, de Detroit à Seattle, à Los Angeles, de New York à San Francisco, en passant par Pittsburgh, Oakland, Washington, expliquant la lutte et collectant des fonds.

De 1965 à 1988, elle travaille au bureau de John Conyers, un homme politique noir membre du Parti démocrate et qui siège à la Chambre des représentants. Elle publie en 1992, Rosa Parks: My Story, et reçoit en 1996 la médaille d’or du Congrès. Elle meurt à Detroit le 24 octobre 2005. Son corps est exposé deux jours sous la rotonde du Capitole à Washington, un honneur réservé à de rares personnalités.

 Ce même 5 juin mais en 1883 : inauguration de l'Orient-Express à Paris... mais c'est une autre histoire !

Version audio avec illustration musicale sur Radio Pays d'Hérault, à écouter ICI

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